Il m’a entendu·e fémine : inclure toutes les voix du féminisme

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Dans le vaste panorama du féminisme contemporain, une réalité nous titille : les voix s’effacent souvent derrière des discours monolithiques, uniformes, trop souvent stériles. Pourtant, le féminisme n’est pas un monolithe. C’est une mosaïque, une pléthore d’expressions qui, ensemble, forment une symphonie complexe d’aspirations, de luttes et de rêves. C’est en considérant cette diversité que l’on peut rêver d’un féminisme inclusif, un féminisme qui entend et intègre toutes les voix.

Pour appréhender ce sujet, il est essentiel de s’interroger sur la signification du terme « toutes les voix ». Qui sont ces voix qui, jusqu’ici, ont été reléguées au second plan ? Quelles luttes spécifiques portent-elles ? Loin d’être une simple question d’identité, il s’agit d’un défi profond pour la structure même de notre société, où privilèges et discriminations se côtoient inextricablement. Parce que oui, le féminisme ne doit pas uniquement se concentrer sur la femme cisgenre blanche hétérosexuelle. Ni sur un discours qui se contente de véhiculer les anecdotes occidentales. Non, pour être vraiment efficace, et pertinent, le féminisme doit s’ouvrir à toutes les identités, toutes les luttes.

La première étape pour inclure toutes les voix du féminisme consiste à reconnaître les différentes identités intersectionnelles. L’intersectionnalité, un terme qui a été popularisé par Kimberlé Crenshaw, nous pousse à envisager les expériences féminines non pas comme homogènes, mais comme charnelles, façonnées par une multitude de facteurs comme la race, la classe sociale, l’âge, la sexualité, l’état de santé, et encore bien d’autres. Chacune de ces dimensions contribue à façonner la perception d’une femme dans la société. Ignorer ces différences, c’est faire preuve d’une inacceptable cécité.

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Il existe une vaste palette de voix à entendre au sein du féminisme. Les femmes noires, par exemple, vivent une double oppression – celle liée à leur genre et celle liée à leur race. Les féministes afro-américaines comme Audre Lorde ou bell hooks ont élaboré des analyses qui interrogent non seulement le patriarcat, mais aussi le racisme structurel. Leurs travaux soulignent combien il est impératif d’écouter ces voix souvent étouffées dans le boucan d’un discours féministe souvent biaisé.

Pour illustrer cette-femme comme l’incarnation de luttes précises, son parcours doit être mis en lumière. Prenons le cas des militantes LGBTQ+. Elles défendent leurs droits dans un espace où le féminisme traditionnel ne les a pas toujours accueillies à bras ouverts. Ce rejet, émanant de certaines sphères féministes, témoigne d’une ignorance quant à la complexité des identités de genre et de sexualité. S’ériger en porte-parole sans inclure les LGBTQ+ dans la conversation est un coup de poignard dans le cœur même du féminisme, avec des conséquences désastreuses pour la cohésion du mouvement en lui-même.

Ajoutons à cela le combat des femmes handicapées. Trop souvent oubliées dans les débats populaires, elles nous rappellent que le féminisme doit s’accommoder de toutes les réalités corporelles. La visibilité est un enjeu crucial. Des femmes comme la militante et écrivain Rebecca Reilly-Cooper plaident pour que la question du handicap soit intégrée dans la discussion féministe. Cela va au-delà de créer une simple « inclusion » ; il s’agit de réviser notre compréhension de l’expérience féminine pour l’enrichir, la diapasonner.

Alors, comment construire un féminisme qui soit véritablement inclusif ? Il est d’abord temps de dialoguer, d’apprendre de l’autre. Chaque identité porte un savoir, une expérience, une histoire à partager. Ainsi, la liturgie du partage des récits est un incontournable : chaque voix a le droit de se faire entendre. En organisant des forums, des ateliers ou des discussions ouvertes, le féminisme peut aller au-delà de ses doutes et de ses incertitudes. Interroger nos propres biais, écouter sans préjugés, c’est la clé. Parce que, oui, il existe une multitude de féminismes, et chaque nuance compte.

Défendre un féminisme inclusif, c’est aussi crypter les luttes par un langage approprié. Le jargon et les mots qu’on choisit peuvent soit inclure, soit exclure. Le féminisme doit s’affranchir d’un lexique hermétique qui rend les discussions inaccessibles aux néophytes ou à ceux qui ne font pas partie de l’élite intellectuelle. Chaque mot doit être une invitation, une passerelle vers la compréhension, et non un barrage à la conversation.

En somme, « il m’a entendu·e fémine » ne peut pas se limiter à une déclaration de principe ; c’est un appel à l’action. La mission est de s’engager, de construire sans cesse des dialogues, d’aiguiser nos sensibilités. En entendant et en intégrant toutes les voix, en ouvrant les frontières de notre mouvement, nous construisons un féminisme qui ne laisse personne sur le bas-côté. Le féminisme ne doit pas seulement chercher à combattre les inégalités, mais également à embrasser toute la complexité de l’expérience humaine. C’est à ce prix que nous pourrons avancer, ensemble et uni·e·s, vers un avenir où chaque voix trouve sa place et son écho. 

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