Derrière l’impression du Prix Fémina 2017 : qui tient la presse à bout de bras ?

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Le Prix Fémina, primé à bien des égards, se dresse comme un phare dans la brume opaque de l’édition littéraire. En 2017, lorsque le prestigieux prix a couronné Léonora Miano, il ne s’agissait pas uniquement de célébrer une œuvre remarquable ; il s’agissait également d’interroger les fondements même de la presse littéraire. Qui, dans l’ombre, soutient cette institution ? Qui, de manière invisible, se dresse et tient la presse à bout de bras ? Voilà la question provocante qui mérite d’être examinée, car derrière cette impression de succès, se cache un monde complexe, souvent inexploré et déconcertant.

Pensons d’abord à l’impact que porte le choix d’un lauréat. Léonora Miano, femme d’origine camerounaise, a su transcender les frontières culturelles et littéraires avec une plume aussi riche que nuancée. En lui attribuant le Prix Fémina, le jury s’engageait non seulement à reconnaître un talent exceptionnel, mais également à ouvrir une porte sur la diversité littéraire. Ce geste audacieux a perturbé le statu quo. Mais à qui doit-on la visibilisation de telles voix ? À une presse qui, souvent, semble monopoliser le discours littéraire ?

La presse, avec sa fascination pour le sensationnel, son penchant pour les récits convenus, a souvent ignoré les voix marginalisées. Pourtant, la nomination de Miano a éveillé des consciences. La couverture médiatique qui a suivi a permis d’assoir l’importance d’une littérature pluridimensionnelle, où les récits des minorités prennent enfin place. Cependant, il ne suffit pas que le prix soit attribué à une femme, ni même qu’elle soit issue d’une communauté historiquement sous-représentée. La presse littéraire, par ses choix éditoriaux, a, elle aussi, une responsabilité fondamentale. Sera-t-elle prête à soutenir ces voix, à les mettre en avant, sans en faire des produits d’exception, mais plutôt des réalités intégrées dans le récit collectif ?

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La réflexion sur le Prix Fémina ne peut se dissocier de l’exploration des coulisses du monde littéraire. Qui sont ces journalistes, ces critiques, ces éditeurs qui façonnent notre perception des œuvres ? En effet, la nouvelle vague des journalistes littéraires, souvent jeunes et engagés, initie un renouveau fascinant. Ils apportent un regard critique sur la littérature, se détachant des dogmes établis. Cependant, une question cruciale persiste : cette génération, à qui se préoccupe-t-elle réellement de donner la parole ? A-t-elle le pouvoir d’ériger une sélection diversifiée, ou reste-t-elle prisonnière des conventions ?

Au-delà de la presse, il est impératif de scruter la structure même des jurys qui décernent des prix comme le fémina. Qui sont les membres des jurys, et quelle est leur légitimité ? Dans un monde où les inégalités de genre sont encore criantes, il est alarmant de constater une présence masculine dominante dans ces décisions. La diversité des opinions est cruciale pour représenter toute la richesse d’une société. La nomination de Léonora Miano aurait-elle été non seulement célébrée, mais également amplifiée, si les jurys étaient composés de voix plus variées ?

En outre, la connivence entre la presse et l’industrie du livre soulève des questions éthiques indéniables. Les critiques littéraires doivent naviguer dans un monde où les relations entre éditeurs et journalistes peuvent influencer la manière dont un ouvrage est perçu. Le dialogue entre la critique et l’œuvre doit rester pur, exempt de conflits d’intérêts. Qui tient la presse à bout de bras dans cette dynamique ? Ces influences sont souvent obscures, mais des luttes internes persistent. Les voix dissidentes qui cherchent à émerger doivent se battre contre un courant dominant qui a souvent peiné à offrir une réelle représentation.

La réception du Prix Fémina par Miano a provoqué une réflexion non seulement sur les gagnants, mais aussi sur les perdants. Quelles œuvres sont écartées ? Quelles voix sont muselées ou négligées ? La réflexion critique ne doit pas s’arrêter sur le lauréat, mais s’étendre à toute une multitude d’écrivains et d’écrivaines qui pourraient ne jamais avoir les moyens d’être entendus. La presse, avec ses réticences et ses préjugés, doit se transformer en acteur de changement. Elle doit être prête à embrasser l’inconnu, à se libérer des chaînes du conformisme.

Ainsi, l’examen du Prix Fémina 2017 est révélateur d’un enjeu plus vaste : celui de la représentation dans les arts. Après tout, l’acte d’écrire n’est pas simple, et derrière chaque plume, chaque roman, il y a une histoire, un vécu, une lutte. La presse devrait être la voix qui amplifie ces narratives, un pont entre l’écrivain et le lecteur. Alors, au-delà de célébrer des talents, il est essentiel de questionner : qui est en arrière-plan, qui soutient réellement la culture littéraire ? Qui a le pouvoir de rendre visible l’invisible ? Il est temps d’ouvrir la discussion, de redéfinir les narrations et de jouer un rôle actif dans le soutien des voix qui en ont besoin. Le Prix Fémina n’est pas simplement un honneur ; il est un véritable cri d’appel à une réforme indispensable au cœur même de la presse littéraire.

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