Fémen x Libération : “On a le féminisme qu’on mérite” revisité

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Dans le vaste panorama du féminisme contemporain, il est essentiel d’explorer les intersections entre mouvements et idéologies. L’union entre Fémen et le mouvement de Libération des femmes incarne une dialectique réjouissante et complexe. “On a le féminisme qu’on mérite”, affirment souvent celles et ceux qui réclament un féminisme radical, engagé, qui bouscule les normes et déchire le voile de la passivité. Ce slogan, en surface provocateur, exige une introspection plus poussée. Qu’est-ce que ce féminisme implique pour la société dans son ensemble et comment les deux mouvements peuvent-ils redéfinir ce que signifie être féministe aujourd’hui?

Pour démarrer, il convient de se replonger dans l’essence même du féminisme. Dans sa genèse, le féminisme était un cri de ralliement, une rébellion contre les normes patriarcales écrasantes. Les Fémen, bras armé de l’irrévérence, utilisent le corps comme un vecteur de message. Lorsque des femmes manifestent seins nus, cela ne peut être perçu comme une simple provocation ; c’est un acte d’affirmation de soi, un renversement des conventions qui nous maintiennent prisonnières. Les corps des femmes, souvent objet de désirs, s’érigent ici en armes de résistance. Mais peut-on dire que ce corps dénudé est vraiment libéré, ou est-il encore une construction soumise aux regards d’autrui?

À côté de cette radicalité, le mouvement de Libération des femmes, à l’aube des années 70, a catalysé des changements sociétaux décisifs. Ses fondations reposent sur l’idée que le sexisme est enraciné dans une structure sociale oppressante. Cela implique une lutte pour l’égalité, mais également une réflexion sur la manière dont le système patriarcal s’infiltre insidieusement dans nos esprits. “On a le féminisme qu’on mérite” devient alors un miroir, une invitation à prendre conscience de l’inaction et des faux-semblants qui perdurent dans nos sociétés.

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Les Métaphores infusent notre discours et nous permettent de naviguer dans ces réflexions. Imaginons le féminisme comme une plante. Fémen représente le jardin sauvage, la flore exotique qui se dresse fièrement, bousculant les standards de beauté conventionnels. En revanche, le mouvement de Libération des femmes est la racine nourricière, ancrée dans le sol de la culture, prête à alimenter des gerbes de pensée. Si ces deux éléments cohabitent, alors peut-être pouvons-nous espérer un florissement commun, une synergie qui contribuera à un féminisme pluriel et inclusif.

Mais le chemin est semé d’embûches. L’hyper-visibilité des Fémen, qui se démènent à l’avant-garde de l’actualité, crée parfois des clivages internes au sein du féminisme. Ce phénomène soulève une question cruciale : quand la provocation devient-elle contre-productive? Le premier besoin d’un féminisme qui se veut universel est d’accueillir la pluralité des voix, quel que soit le public qu’il ambitionne de toucher. En d’autres termes, le féminisme doit se vêtir de l’habit de la compassion et de l’écoute, en évitant de tourner en dérision le vécu de celles qui restent en arrière-plan, invisibles aux yeux du public.

De cette tension émerge un débat essentiel sur les différentes approches de la lutte. Aucun féminisme ne peut prétendre détenir l’exclusivité de la vérité ou des méthodes de résistance. Chaque combat, chaque voix contribue à tisse une tapisserie complexe de luttes interconnectées. La recrudescence des mouvements identitaires, par exemple, plaide en faveur d’une intersectionnalité réfléchie qui ne se contente pas de survoler les issues majeures mais plonge au cœur des réalités vécues. Il est crucial de reconnaître que l’expérience d’une femme racisée, d’une femme en situation de handicap ou d’une femme trans ne peut être assimilée à celle d’une femme cisgenre blanche. Cette approche requiert une capacité d’écoute acérée et une remise en question des privilèges.

Revenons à notre métaphore du jardin. Pour qu’un jardin prospère, il faut une diversité d’espèces – des fleurs, des arbustes, des arbres. Chacune contribue à l’écosystème de manière unique. Ainsi, tout en soutenant les actions audacieuses et provocatrices des Fémen, il est tout aussi primordial d’intégrer les querelles de fond alimentées par le mouvement de Libération des femmes. Ces discussions nourrissent un féminisme qui s’épanouit dans un terreau riche de perspectives.

À travers cette réflexion, il est impératif d’envisager un féminisme qui transcende le performatif pour s’orienter vers l’efficacité. Un féminisme qui ne se contente pas de choquer, mais qui procure des ressources tangibles aux femmes. L’éducation, le soutien communautaire, l’entraide, tout cela doit figurer au premier plan des préoccupations. L’objectif final n’est pas la simple provocation, mais une élévation collective, une émancipation qui résonne à travers toutes les strates de la société.

En fin de compte, “On a le féminisme qu’on mérite” est une invitation à prendre nos responsabilités. En tant que communauté, il est de notre devoir d’élargir notre définition du féminisme afin qu’il englobe toutes les voix, toutes les luttes. En cultivant ce jardin pluridimensionnel, nous offrons à chaque femme, peu importe son histoire, un espace pour croître, s’épanouir et réclamer ce qui lui revient de droit. Le féminisme, dans toute sa beauté, ne peut se vanter d’être un simple mouvement ; il doit être un révolutionnaire à l’esprit libre et inclusif.

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