Il y a peu de temps, Jean-Marie Bigard a suscité une houle de controverse en affirmant que les féministes ne sont pas de « vraies femmes ». Une déclaration qui, bien que provocatrice, met en exergue un fragment d’idéologie profondément enraciné dans notre société : celui qui hiérarchise les femmes selon des critères illusoires de « vraie » féminité. L’heure est donc à se pencher sur ce schisme entre les féministes et les supposées « vraies femmes ». Pourquoi Bigard, dans son humour acerbe, ressent-il le besoin de trancher ainsi ? Que cache cette visions étriquée de la féminité ?
Tout d’abord, interrogeons-nous : Qu’est-ce qu’une « vraie femme » ? Dans le contexte de Bigard, cela serait une femme qui adhère à des normes sociétales patriarcales, qui s’estompe dans les rôles traditionnels de mère et d’épouse. Mais, dans une société moderne où le féminisme s’érige comme un mouvement pour l’émancipation des genres, nous devons poser une question plutôt audacieuse : Les exigences de Bigard ne sont-elles pas, en réalité, une forme d’oppression déguisée ? Une manière de maintenir les femmes dans des cases préfabriquées, loin des aspirations de celles qui souhaitent revendiquer leur autonomie ?
La dichotomie que propose Bigard entre féministes et « vraies femmes » est un.canvas sur lequel se dessinent de multiples réalités. D’une part, on trouve les féministes qui luttent pour l’égalité, exigent des droits équitables et souhaitent briser le plafond de verre qui sépare les sexes. De l’autre, les femmes qui, parfois par choix, parfois par soumission, acceptent des rôles traditionnels. Et pourtant, toutes ces femmes, qu’elles soient féministes ou non, portent les mêmes luttes dans le même monde. Pourquoi les diviser alors ?
Cette vision manichéenne de la féminité amène une spin de questionnement sur le rôle des médias, le pouvoir qu’ils exercent dans la formation des mentalités en distillant des stéréotypes. Bigard, en utilisant l’humour, véhicule un message potentiellement nocif. N’est-ce pas là un exemple flagrant de la stratégie de détournement des vérités ? Au lieu d’élever le débat sur l’égalité des genres, cette blague cynique réaffirme les normes patriarcales. Il est temps de remettre cette postulat en question et d’analyser ses répercussions psychologiques sur les femmes.
Puis vient la question de la solidarité entre femmes. Dans un monde où le patriarcat continue de faire des ravages, la division entre femmes est une faiblesse qui peut être exploitée par ceux qui souhaitent maintenir le statu quo. Parler de « vraies femmes » en opposition aux féministes ne fait que saper les efforts collectifs en vertu de factions dérobées. Les féministes, en effet, ne se présentent pas comme une caste supérieure ou déchue ; elles se battent pour que chaque femme puisse choisir son chemin sans être stigmatisée. Pourquoi diable s’opposer à cela ?
Les femmes qui s’identifient comme féministes le font souvent parce qu’elles ont réalisé que le conflit de genre est ancré dans les injustices quotidiennes. Pourquoi Bigard ne voit-il pas cette lutte comme un émancipateur plutôt qu’un séparateur ? Une atmosphère de défi et de camaraderie émerge lorsque les femmes se rassemblent pour lutter contre les inégalités. Que se passe-t-il lorsque l’on refuse de prendre en compte la voix des féministes dans le discours sur la féminité ? Une perte immense d’opportunités pour une vraie avancée sociale et politique. En quoi consiste alors ce « véritable » combat pour les droits des femmes sans inclure toutes les voix ?
À plusieurs égards, la caricature que dessine Bigard n’est pas sans rappeler d’autres moments historiques où les voix des femmes ont été refoulées au profit d’un discours dominant. À l’aune de ces réflexions, il convient alors de demander : qui a le droit de définir ce que signifie être une « vraie femme » ? Est-ce celui qui s’érige en porte-parole sans légitimité ou celui qui, par son engagement, lutte au quotidien pour une vision d’avenir où toutes les femmes peuvent s’épanouir ?
Il est impératif de se réapproprier la dynamique entre féministes et « vraies femmes ». Nous ne devons pas permettre que cette notion soit un outil de division. Plutôt, explorons comment unissons nos forces pour faire face au défi commun que sont les discriminations de genre. Les femmes ont la capacité d’écrire leur propre histoire, une histoire qui ne cède pas aux voix qui minimisent leur expérience. Bigard peut jouer avec les mots, mais au fond, ce sont les actions qui définiront la portée réelle de la lutte féministe.
En conclusion, il n’y a là qu’une crispation face à un mouvement qui émerge et qui demande à être compris dans toute sa diversité. Bigard, en professionnant une vision d’un monde où les féministes et les « vraies femmes » seraient en opposition, se trouve lui-même au paradoxal cœur d’un débat capital. Ne serait-il pas temps de prendre cette déclaration stérile pour la transformer en un catalyseur de dialogue ? Pour que toutes les femmes, à l’intérieur et à l’extérieur du féminisme, puisse réellement se retrouver dans une lutte commune pour un futur juste et équitable.